Roxanne Hinpatsu

A quoi je ressemble ? Mon dieu, avec des yeux pareils il n'y aurait pas moyen que vous travailliez dans l'horlogerie ! *rigole* Bon, je mesure 1 mètre 77 pour 58 kilogrammes, mes yeux sont bruns, on me dit d'ailleurs assez souvent qu'ils sont si sombres qu'on peine à savoir si ils sont réellement bruns ou noirs. J'ai de très longs cheveux noirs qui descendent jusqu'aux genoux de dos, de face j'ai deux mèches qui me descendent jusqu'au ventre et ma frange part plus sur le côté droit que gauche. Malgré le fait qu'ils soient raides je me retrouve assez souvent avec les cheveux hirsutes malgré que je les aie coiffés. Je porte une blouse blanche d'atelier légèrement tachée et effilée sur les manches et aux coutures basses, ça use de travailler vous savez. Sous cette blouse, je porte un t-shirt noir, dont la teinture est devenue légèrement plus fade avec le temps, avec un prisme triangulaire décomposant la lumière blanche. J'ai assez souvent un jeans bleu délavé aussi usé sur le bas des cannons et des chaussures noires. J'ai une loupe d'horloger juste au dessus de l’œil gauche et toute bonne horlogère ne serait pas une bonne horlogère sans au moins une montre. C'est pour ça que j'en ai plus de 20. Mais je porte généralement une montre de poche et une montre bracelet, ne me demandez pas pourquoi, c'est un réflexe que j'ai développé pour faire des corrélations au niveau des variations de marche des deux pièces. A quoi elles ressemblent ? Bah les voici [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] Ah, j'ai aussi un peu des cernes à cause de la fatigue, les commandes à rallonge c'est pas très pratique quand on a des délais courts et qu'on peut pas dormir...Autrement , je suis plutôt svelte, certaines personnes disent que je suis gâtée par la nature mais je suis vraiment dans la moyenne à mes yeux.

Le mental ? Houlà, j'ai atterri où, chez Freud ? Bon, je suis plutôt quelqu'un qui travaille dur malgré ma flemme naturelle inégalée jusqu'à présent, certains disent même que je serais pire que le cheminots en grève, c'est vous dire la situation. Je suis une personne qui a aussi un fort attrait pour ce qu'il s'agit de la musique, j'ai aussi une très grande soif de connaissances ce qui parfois me mets dans des situations à double tranchant. J'ai des sautes d'humeur parfois, certaines peuvent être assez violentes par leur intensité et la vitesse à laquelle elles retombent. Mais en général, je suis plutôt calme, je me concentre beaucoup sur mon travail quitte à presque oublier tout ce qui m'entoure. Ah oui, j'ai aussi un gros appétit et je bois pas mal, pas boire beaucoup d'alcool, hein qu'on s'entende bien ? Plutôt des boissons sucrées, j'ai un gros faible pour le lait avec du sirop de fruits rouges...C'est une tuerie, vous devriez essayer. Je suis assez indécise à ce qui paraît, mais c'est que des rumeurs. Du moins. je crois.... Je suis assez tête en l'air, mais c'est ma mémoire à court terme qui me fait assez défaut en fait suivant la situation, c'est pourquoi je marque quasiment toutes mes commandes et pièces terminées dans un petit livre. *montre un livre artisanal avec une couverture en cuir et un petit verrou pour fermer*

Mon passé...Par où commencer...Ah Oui !

Je suis née le 6 juin 1949 à 16 heures 26 minutes et 46 secondes à l'hôpital d’Yverdon-les-Bains, dans le Canton de Vaud, en Suisse. J'ai grandi à la campagne dans une famille modeste en étant l’aînée de trois enfants. J'ai suivi le cursus scolaire standard et ai fini mon école en étant dans le niveau collège, qui est le plus élevé, sans trop de difficultés. Je me suis ensuite dirigée vers un apprentissage dans l'horlogerie et suis donc partie pour la Vallée de Joux et son école qui est fort recommandée. Durant mon apprentissage, je me suis appliquée surtout sur les montres complexes, ce qui attira l'attention de mes professeurs et de chefs d'entreprises soutenant le centre de formation.

Et c'est ainsi que j'ai eu mon diplôme d'horlogère rhabilleuse avec une maturité professionnelle et que je me suis faite embaucher en juin 1969 par le groupe Ébauches SA comme spécialiste en chronographes et montres complexes pour la fabrique Valjoux située aux Bioux toujours dans la Vallée de Joux. Je me rappelle avoir énormément travaillé et avoir visité les autres fabriques du groupe Ébauches SA comme par exemple Vénus situé à Moutier, Landeron situé au Landeron et des fabriques hors du groupe comme Zénith et bien d'autres.

Ensuite... Ensuite, je me souviens plus trop... Les seules choses dont je me rappelle sont les nombres 75 et 1975, mais allez savoir pourquoi... Je me rappelle aussi avoir travaillé après dans la musique pendant quelques années en parallèle de mon métier d'horlogère. Je me suis donc spécialisée dans tous les instruments à clavier et les instruments à cordes.  Je me rappelle avoir travaillé dans la musique jusqu'au milieu des années 80, après je me souviens plus trop, c'est assez flou.

En suite, je me rappelle m'être réveillée ici, perdue dans la forêt par un beau matin de mars 1990, le 14 mars 1990 si je me rappelle bien ce qu'une de mes nombreuses montres m'indiquait. J'avais un énorme sac à dos sur moi contenant mes affaires d'horlogerie, des outils pour la lutherie, des fournitures et documents horlogers, des affaires pour survivre mais qui étaient presque épuisées. Je me suis donc mise à la recherche du village le plus proche pour avoir de la nourriture et essayer de retourner à l'atelier, c'est pas comme si j'avais trois tonnes de montres et d'instruments à m'occuper...

Après de nombreuses heures de marche, que je n'ai pas voulu compter pour pas me désespérer encore plus, j'ai enfin fini par sortir de la forêt mais à mon grand désarroi, je n'étais plus du tout en Suisse. J'ai quand même décidé d'aller voir dans ce village que je voyais au loin, une bonne vison d'horlogère sert beaucoup aussi dans la vie de tous les jours. Une fois arrivée au village, j'ai pu me procurer des denrées de base pour survivre et ai demandé pour un hébergement temporaire mais avec ma dégaine, ils avaient pas trop confiance. A la place, ils m'ont passé le minimum pour me faire une petite maison : clous, marteaux, scies, verre et papier de riz, outils pour le bois. J'ai donc dû me trouver un emplacement où faire ma maison, mais je ne savais pas trop où construire, par contre je me rappelais que j'avais besoin d'une rivière, j'ignorais exactement pourquoi j'avais absolument besoin de me mettre le long d'une rivière. Je me suis rappelée d'une rivière que j'avais vue en traversant cette forêt, je me suis dit que ça pourrait être pas mal de venir me poser là, au moins, il n'y aurait pas de problème de voisinage à priori.

C'est donc ainsi que je me suis construite ma maison qui me sert aussi d'atelier de lutherie et d'horlogerie, ça m'a pris du temps mais je suis tranquille niveau place pour le moment. J'ai donc emménagé dans ma nouvelle maison et c'est parmi mes affaires que j'ai trouvé l'explication de ma nécessité de la rivière : la source d'énergie de mon atelier. Beaucoup d'ateliers d'horlogerie sont implantés près d'un cours d'eau, comme le montrent des anciennes photos de manufactures horlogères suisses. Depuis lors, je collabore avec les kappas et les villageois pour l'obtention de mes ressources principales pour mon travail : laiton, acier, aluminium, rubis, verre, caoutchouc, etc.

J'ai donc continué à mener ma petite vie comme si de rien n'était jusqu'au jour où j'ai comme qui dirait perdu le contrôle. De mémoire, c'était le 12 août 2001, j'étais en train de travailler sur un de mes chronographes quand j'ai soudainement eu une grosse migraine. Mais j'ai continué à travailler dessus, c'est pas comme si je dépendais de ça pour vivre mais c'est tout comme, donc j'ai essayé de faire comme j'ai pu pour contenir cette migraine épouvantable. Sauf que j'ai cédé à un moment et tout ce que je me rappelle, c'est d'avoir crié et qu'ensuite après avoir repris « conscience » je pouvais dire d'oreille tous les paramètres pour une montre, c'est à dire variation de marche, mise au repère, amplitude, marche totale, défaut d'équilibrage, angle de levée, fréquence, etc. J'ai donc décidé de partir jouer un peu de musique pour me détendre malgré que j'aie encore mal à la tête, ne cherchez pas, c'est normal pour moi, du moins, je crois...*hausse les épaules* Donc je me suis mise à jouer du clavecin et ai eu conscience du fait qu'un de mes instruments favoris étaient désaccordé, ce qui m'a assez frustrée, comprenez-moi, essayez de jouer le Prélude en do mineur de Johann Sebastian Bach n° BWV 934 sur un instrument désaccordé ! C'est dur pour les oreilles...Je ne sais pas comment j'ai fait mais j'avais ré-accordé le clavecin sans même avoir touché la moindre clé pour les cordes, ce qui est théoriquement impossible. Et c'est à ce moment là que j'ai compris que je n'étais plus vraiment humaine, j'étais devenue Youkai et manipulais les fréquences. C'est depuis ce jour que j'essaie d’améliorer le maximum possible la qualité de mes instruments de musique et de mes montres et horloges.